Cette démonstration d'unité s'est confirmée durant toute cette grand-messe organisée depuis lundi à Milwaukee, dans la région des Grands Lacs, contrastant avec la fébrilité culminant chez les démocrates, de plus en plus nombreux à appeler le président Joe Biden à se retirer.
Cinq jours après avoir été la cible de tirs lors d'un meeting de campagne, l'ancien président de 78 ans est donc remonté sur scène, sous haute sécurité, prononçant un discours d'environ 90 minutes en grand patron incontesté de la droite américaine.
Pansement sur l'oreille
Pansement bien visible sur l'oreille droite, il a formellement accepté l'investiture du Parti républicain, dont les quelque 2.400 délégués lui avaient apporté leurs voix dès lundi.
"Je me présente pour être le président de toute l'Amérique, pas de la moitié de l'Amérique", a-t-il lancé dans cette allocution dont les accents rassembleurs sont toutefois restés minoritaires par rapport à ses thèmes de prédilection: la criminalité, l'immigration, l'inflation...
Le républicain est revenu sur la tentative d'assassinat dont il a été victime en Pennsylvanie, en confiant qu'un tel récit lui était "douloureux".
"Il y a juste quelques jours, mon voyage avec vous a failli tourner court. Et pourtant nous sommes là ce soir", a déclaré le candidat aux milliers de militants présents qui, pour beaucoup, considèrent qu'il a bénéficié d'une intervention divine.
Lorsque les tirs ont retenti, "j'ai immédiatement compris que c'était très sérieux, que nous étions attaqués", a-t-il relaté. "Le sang coulait partout. Et cependant, d'une certaine manière, je me sentais en sécurité, parce que j'avais Dieu à mes côtés", a raconté le septuagénaire.
Il s'est encore attardé sur cette séquence désormais historique où on le voit être évacué par les agents du Secret Service, le poing levé et la joue ensanglantée.
Une image devenue un atout électoral que la convention républicaine n'a cessé de mettre en avant, car illustrant selon les républicains le courage d'un homme qu'on cherche à abattre et qui ne se résigne jamais.
Donald Trump a fait observer une minute de silence pour Corey Comperatore, un pompier de 50 ans tué par une des balles qui le visaient. Il a aussi embrassé le casque de l'uniforme de la victime.
Meeting samedi dans le Michigan
Le reste de son discours a été plus classique, empruntant des passages répétés à l'envi dans ses meetings politiques.
Il a ainsi réitéré sa volonté de favoriser l'exploitation du pétrole aux Etats-Unis et d'empêcher les migrants d'entrer dans le pays dès le "premier jour" de son mandat. Des thèmes plus fédérateurs que l'avortement par exemple, qu'il s'est gardé d'évoquer.
Joe Biden, très fragilisé politiquement et à l'isolement car souffrant du Covid, a paradoxalement été largement épargné par Donald Trump, qui a préféré développer son programme s'il revenait à la Maison Blanche.
Le candidat, qui avait claqué la porte de l'Accord de Paris sur le climat durant son premier mandat, s'est engagé à mettre fin aux grands projets climatiques de Joe Biden, qualifiés d'"arnaque".
Au sein de l'auditoire se trouvaient les principaux ténors républicains. Mardi soir, ses ex-rivaux aux primaires étaient venus publiquement lui prêter allégeance.
Terry Arnold, une femme venue de Seattle, dit avoir été transportée par le discours de Donald Trump. "C'était vraiment enthousiasmant et j'ai trouvé cela unificateur", commente-t-elle à l'AFP . "Il y avait de l'exaltation, de l'espoir. Et ce soir il semblait vraiment plein d'énergie. Plus tôt dans la semaine, il m'a semblé --et c'est normal-- un peu fatigué, avec ce qu'il a traversé".
La soirée s'est achevée dans un traditionnel grand lâcher de ballons aux couleurs du drapeau américain.
Donald Trump a été rejoint sur scène par sa famille proche, dont sa femme Melania et ses fils qui ont loué à la tribune les qualités de leur père.
Egalement présent dans le premier cercle, J.D. Vance, le sénateur atypique choisi par le candidat pour le seconder dans la campagne.
L'élu de 39 ans, opposé à l'aide à l'Ukraine et pratiquant un discours populiste anti-immigration, deviendra vice-président des Etats-Unis si Donald Trump l'emporte en novembre.
Donald Trump a prévu de reprendre sa campagne dès samedi, avec un meeting dans le Michigan, une semaine exactement après les tirs qui l'ont visé.
Les dizaines de milliers de visiteurs sont repartis avec leurs bagages remplis de produits dérivés "Trump" -- casquettes, affiches, tee-shirts -- prêts à prêcher la parole de leur champion miraculé à travers le pays.