La vice-présidente démocrate et l'ancien chef d'Etat républicain se sont tenus ensemble aux côtés du président Joe Biden lors d'une cérémonie à New York, offrant une image de civilité devenue rare dans une Amérique extrêmement divisée.
Sur le site du World Trade Center entièrement reconstruit, les deux adversaires ont échangé une poignée de main, Donald Trump affichant un sourire ou un rictus, sous le regard amusé du président Biden.
Tous trois sont ensuite restés le plus souvent immobiles et silencieux alors que commençait la lecture rituelle des noms des 2.977 personnes tuées dans ces attentats jihadistes perpétrés par le groupe Al-Qaïda, qui avait précipité des avions de ligne sur les deux tours du WTC et sur le Pentagone près de Washington, un quatrième s'écrasant en Pennsylvanie.
"Unité"
"Même aux heures les plus sombres, nous avons vu la lumière, face à la peur, nous nous sommes rassemblés", a martelé le président.
On l'a même vu échanger de manière courtoise avec son ennemi juré Donald Trump qu'il avait affronté lors d'un débat le 27 juin, rencontre calamiteuse pour le président démocrate contraint de se retirer de la course le 21 juillet.
Kamala Harris, qui l'a remplacé au pied levé, a estimé que "l'unité était possible en Amérique (...) face au terrorisme".
La veille, à l'entame de leur débat à Philadelphie (Pennsylvanie), elle s'était résolument avancée vers son adversaire pour lui serrer la main, avant de le bousculer 90 minutes durant devant des millions de téléspectateurs.
Alors que la plupart des commentateurs estiment que la démocrate de 59 ans a dominé la rencontre, le milliardaire de 78 ans a proclamé sur son réseau Truth Social qu'il l'avait "battue sèchement".
Il a jugé mercredi qu'il ne voulait pas "refaire le match", après que le camp adverse l'a défié d'accepter une nouvelle confrontation en octobre. Puis Donald Trump a laissé entendre qu'il pourrait changer d'avis si un nouveau duel était organisé par Fox News, la chaîne préférée de la droite américaine.
Pennsylvanie
L'équipe de Kamala Harris continuait pour sa part à jubiler. Dans un message sur X, elle a feint d'annoncer un nouveau clip vidéo de campagne, en renvoyant à un enregistrement... de l'intégralité du débat.
Rien ne dit pourtant que ce duel aura un impact déterminant sur les choix des électeurs américains, dont une immense majorité ont déjà choisi leur camp.
Ils penchent dans d'égales proportions pour la démocrate et pour le républicain, si l'on en croit les sondages.
La clé de l'élection est donc aux mains de quelques dizaines de milliers d'indécis vivant dans les six ou sept Etats considérés comme les plus stratégiques pour le scrutin du 5 novembre.
Parmi ces "swing states", la Pennsylvanie (nord-est), où Joe Biden et Kamala Harris se sont rendus ensemble sur un autre site des attentats du 11-septembre: Shanksville, où s'était écrasé un avion détourné par les pirates de l'air d'Al-Qaïda.
Donald Trump s'y est également rendu de son côté.
Casquette
Derrière la solennité patriotique, la campagne n'était pourtant jamais loin. Des partisans de Donald Trump, arborant les couleurs de leur favori, étaient ainsi visibles non loin de Joe Biden et Kamala Harris pendant leur déplacement à Shanksville.
Cela a d'ailleurs donné lieu à une scène tout à fait surprenante.
Lors de sa visite à la caserne de pompiers locale, Joe Biden a en effet mis sur sa tête une casquette "Trump 2024".
Selon un porte-parole de la Maison Blanche, le président démocrate, qui venait de vanter l'unité entre les partis politique ayant suivi le 11-Septembre, a en quelque sorte joint le geste à la parole en se coiffant brièvement du couvre-chef d'un trumpiste présent.
"Merci du soutien, Joe!" a jubilé l'équipe de campagne du républicain sur X, en publiant la photo du démocrate de 81 ans, coiffé de la fameuse casquette et souriant largement.
Jeudi et vendredi, la course à la Maison Blanche reprendra pleinement ses droits. Kamala Harris doit se rendre en Caroline du Nord et en Pennsylvanie, Donald Trump ira en Arizona et dans le Nevada - quatre "swing states".