Le régime de Kim Jong Un, doté de l'arme nucléaire, a procédé à des dizaines de tirs cette année.
Selon des experts, ils pourraient avoir un lien avec la fourniture présumée par la Corée du Nord de munitions et de missiles à Moscou face à l'Ukraine. Les Occidentaux accusent Pyongyang de livrer des armes à la Russie, ce que le régime réfute.
L'état-major interarmées sud-coréen a annoncé avoir "détecté (...) plusieurs missiles balistiques de courte portée lancés vers le nord-est vers 06H50" locales mercredi (21H50 GMT mardi).
"En prévision d'autres lancements, nos forces armées ont renforcé leur surveillance et leur vigilance, tout en partageant étroitement leurs informations" avec leurs alliés japonais et américains, a ajouté l'état-major.
Kim Jong Un a officiellement renoncé en janvier 2024 à toute idée de réunification et dissous les institutions chargées des relations avec Séoul, qualifiant la Corée du Sud de "principal ennemi".
Pyongyang prépare une réunion parlementaire en octobre, qui devrait approuver des mesures susceptibles d'accroître les tensions avec Séoul, notamment l'inscription du conflit dans sa constitution.
Tokyo a confirmé les tirs mercredi et les garde-côtes japonais ont indiqué qu'un missile s'était écrasé en mer, en dehors des eaux japonaises.
Les missiles ont été tirés depuis la zone de Kaechon, au nord de Pyongyang, et ont parcouru environ 400 kilomètres, selon l'armée sud-coréenne.
"Le lancement de missiles par la Corée du Nord est un acte de provocation manifeste qui menace gravement la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne, et nous le condamnons fermement", a déclaré l'état-major interarmées de Séoul.
Ce dernier a ajouté que la Corée du Nord avait aussi envoyé de nouveaux ballons transportant des déchets vers le sud.
Pyongyang a envoyé près de 1.500 ballons de déchets vers la Corée du Sud ce mois-ci (environ 5.000 depuis mai), dont trois ont provoqué des incendies.
Jeudi dernier, la Corée du Nord avait déjà tiré de multiples "missiles balistiques de courte portée" vers la mer, selon Séoul, son premier essai d'armement majeur depuis début juillet.
L'agence officielle nord-coréenne KCNA avait affirmé qu'il s'agissait d'un essai d'un "nouveau type de lance-roquettes multiples de 600 mm" supervisé par Kim Jong Un.
En réponse à ces actions, Séoul a repris la diffusion de propagande par haut-parleurs à la frontière, suspendu un accord conclu en 2018 pour prévenir les accrochages entre les deux armées et repris les exercices de tir à balles réelles sur les îles frontalières, et près de la zone démilitarisée divisant la péninsule.
Liens avec Moscou
La Corée du Nord a récemment renforcé ses liens militaires avec Moscou, le président Vladimir Poutine ayant effectué une rare visite à Pyongyang en juin, signant un accord de défense mutuelle avec Kim Jong Un.
La ministre nord-coréenne des Affaires étrangères s'est, elle, rendue deux fois à Moscou en moins d'un an.
Selon l'agence KCNA, le chef de la sécurité russe, Sergueï Choïgou, s'est lui rendu la semaine dernière à Pyongyang, entretenant avec Kim Jong Un.
Les experts affirment que des missiles nord-coréens sont déployés en Ukraine et, la semaine dernière, l'organisation Conflict Armament Research a affirmé dans un rapport que "des missiles produits cette année en Corée du Nord sont utilisés" dans l'offensive russe contre Kiev.
"Compte tenu de la résurgence du conflit en Ukraine et de la récente visite de Choïgou en Corée du Nord, les derniers tirs de missiles pourraient être liés à (de futures) exportations (d'armement) vers la Russie", a commenté auprès de l'AFP Yang Moo-jin, président de l'Université des études nord-coréennes à Séoul.
Les tirs pourraient également avoir pour but de "répandre l'inquiétude parmi la population sud-coréenne, parallèlement au récent lâcher de ballons transportant des déchets", a-t-il ajouté.
La Corée du Nord a publié la semaine dernière pour la première fois des images présentées comme celles de ses installations d'enrichissement d'uranium et Kim Jong Un a appelé à renforcer les capacités nucléaires du pays.
Pyongyang, qui a effectué son premier essai nucléaire en 2006, fait l'objet de nombreuses sanctions des Nations unies mais les ignore, notamment grâce au soutien de ses alliés russes et chinois.