04 septembre 2015
"Economes et écologiques": sèche-linges et réfrigérateurs dernier cri exposés à l'IFA de Berlin, grand-messe européenne de l'électronique, mettent en valeur leur sobriété en énergie, argument vendeur pour l'électroménager même si le consommateur n'en sort pas forcément gagnant.
60% soit 774,09 euros, ou même 63% soit 1.193,56 euros: à côté de chacun de ses nouveaux congélateurs et réfrigérateurs exposés au plus grand salon mondial de technologies grand public, le fabricant Liebherr chiffre l'économie réalisée sur les factures d'électricité par rapport aux modèles équivalents d'il y a 15 ans.
"L'efficacité énergétique joue un rôle décisif dans la décision d'achat du consommateur", explique Roland Hagenbucher, responsable de Siemens électroménager à l'IFA, qui ouvrira ses portes au public vendredi.
Un peu plus loin, Miele vante ses sèche-linge "économes et écologiques" labellisées "A+++", la meilleure classification possible en matière de consommation d'énergie.
"En Europe, 42% des machines à laver sont déjà A+++. C'est une tendance nette, qui va encore augmenter", prédit Jürgen Boyny, directeur à l'institut de recherche GfK.
Selon un sondage réalisé en mai pour la fédération allemande d'électronique grand public gfu, 18% des personnes interrogées disent avoir déjà remplacé un vieil appareil d'électroménager car il consommait trop d'énergie, alors même qu'il fonctionnait encore. Et 29% ont l'intention de le faire.
Mauvais calcul?
Mais pour M. Boyny, "l'énergie est simplement l'argument que l'industrie utilise pour que les personnes achètent une nouvelle machine à laver ou un nouveau réfrigérateur".
La sensibilité des consommateurs à cette question est particulièrement marquée en Allemagne, où l'environnement est une préoccupation forte et où l'électricité est plus chère que dans d'autres pays comme la France, souligne-t-il.
Expert énergie de la centrale des consommateurs de Rhénanie-du-Nord- Westphalie (ouest de l'Allemagne), Stefan Nakazi rappelle toutefois que, économiquement, le calcul n'est pas toujours payant.
Selon lui, on peut réfléchir à remplacer un réfrigérateur "quand il est déjà très vieux", soit 15 ans environ. "Pour les machines à laver, je dirais plutôt qu'il faut la garder tant qu'elle marche, car l'efficacité énergétique n'a pas augmenté autant que cela a été le cas pour les réfrigérateurs", estime-t-il.
M. Nakazi relève surtout que pour bénéficier plus facilement de la meilleure note d'efficacité énergétique, les machines à laver ont tendance à avoir une capacité de plus en plus grande, 8 kilos par exemple. "Mais cela n'a aucun sens d'acheter une machine à laver plus grosse si on n'a pas plus à laver" et une machine à demi-remplie, quelle que soit son degré d'efficacité énergétique, consomme beaucoup, argumente-t-il.
Appareils connectés
En outre, la course en avant commence à avoir ses limites et se différencier de ses concurrents à être difficile. Si elle reste "un défi pour l'avenir", "l'efficacité énergétique est plus ou moins devenue un standard", considère M. Hagenbucher.
"Il y a selon les appareils encore des améliorations possibles, mais à vrai dire cela devient très cher", ajoute-t-il. Du coup, Siemens a préféré mettre en avant cette année à l'IFA ses nouvelles machines connectées, comme un réfrigérateur qui prend en photo son intérieur et permet de vérifier de sa tablette ce qu'il manque avant d'aller au supermarché.
Cette maison connectée, au coeur des innovations dans l'électroménager depuis quelques années et dans laquelle les appareils seront dirigés à distance et communiqueront entre eux, fait d'ailleurs miroiter non seulement des gains de temps et d'organisation, mais aussi d'énergie, avec par exemple un lave-vaisselle programmé pour se lancer la nuit quand l'électricité coûte moins cher.
Grand-messe de la high-tech donnant le ton pour les fêtes de fin d'année, l'IFA, où se bousculent cette année smartphones, montres connectées et téléviseurs ultra-haute définition, a ouvert ses halls à l'électroménager depuis 2008. Plus de 240.000 visiteurs y sont attendus.