Du mouvement à tous les postes: à moins d'un an de l'Euro-2020, de nombreux Bleus ont pris le pari risqué de tenter l'aventure dans de nouveaux clubs, pour beaucoup prestigieux. Une tendance qui tranche avec l'année post-Mondial, sans inquiéter toutefois Didier Deschamps.
Après le sacre de la Coupe du monde en Russie, seuls deux champions du monde, et pas les plus incontournables, avaient changé d'équipe (Steven Nzonzi et Thomas Lemar). Un an plus tard, ils sont une douzaine, parmi les sélectionnés des dernières listes, à avoir décidé de tenter l'aventure ailleurs.
Antoine Griezmann au Barça, Ferland Mendy au Real Madrid, Benjamin Pavard et Lucas Hernandez au Bayern Munich, Tanguy Ndombélé à Tottenham... Les nouvelles écuries des Bleus ont, pour beaucoup, du cachet. Et représentent donc automatiquement une prise de risque, à un moment où la concurrence est énorme en équipe de France à la plupart des postes.
"Je pense surtout que c'est une prise de responsabilités", relève l'ex-entraîneur en Ligue 1 Rolland Courbis pour l'AFP. "Ce n'est pas évident de relever ce genre de challenge, il faudra démontrer qu'ils sont capables d'assumer cela".
- "Remise en question" -
Didier Deschamps, toujours placide devant les mouvements estivaux, a suivi avec attention le mercato de ses poulains. En leur donnant "un avis s'ils me le demandent". "Pas de conseil", car "ce sont leurs carrières, leurs décisions", martèle-t-il régulièrement.
Mais avec, cette année, conscience qu'ils seront nombreux à devoir gérer leur adaptation à leur nouveau maillot, leur nouvelle ville, leurs nouveaux systèmes.
"Forcément, (quand vous restez) dans un club vous avez un statut, pas des garanties mais des assurances. Quand vous partez, vous vous mettez forcément en difficulté, surtout si vous allez dans des clubs +au-dessus+", a constaté le sélectionneur des champions du monde lundi. "Le changement de club, pour un joueur, ce n'est pas anodin surtout s'il change de pays, car l'environnement change, c'est une autre langue, une autre culture. Cela demande une remise en question".
La remise en question sera sans doute moins forte pour certains que pour d'autres. Griezmann, un incontournable du système Deschamps, a beau rejoindre l'un des clubs les plus concurrentiels du monde, les blessures de ses partenaires Leo Messi, Ousmane Dembélé et Luis Suarez ont accéléré son adaptation. Il est en tout cas pour le moment l'élément offensif majeur de l'équipe catalane.
- "Concurrence" -
"Il s'adaptera. Il savait qu'en signant au Barça il sortait du confort quotidien qu'il avait à l'Atlético Madrid. Mais il a tout pour que cela se passe bien", avait évacué Deschamps jeudi lors de l'annonce de sa liste.
Pour Tanguy Ndombélé, propulsé de Lyon au vice-champion d'Europe Tottenham, le début de saison semblait idéal pour postuler à une place en Bleu. Mais une petite blessure lui a mis des bâtons dans les roues et retardé son retour en sélection. Destin contraire, le retour en forme de Lucas Hernandez, et ses titularisations avec le Bayern lors des deux derniers matches, offre de belles promesses à "DD".
Celui de Benjamin Pavard, souvent critiqué en Bleu, relégué avec Stuttgart la saison passée mais tout de même recruté par le Bayern, est sans doute le pari le plus risqué. "C'est déjà assez extraordinaire que le Bayern se soit intéressé depuis si longtemps à lui", s'étonne Courbis.
"Ce n'est pas évident de passer de Stuttgart au Bayern, il y a une grosse concurrence", poursuit Deschamps. Mais sans s'alarmer: le sélectionneur préfère se satisfaire de voir que le défenseur a disputé les deux derniers matches en tant que latéral, son poste en Bleu qu'il n'occupait pas dans son ancien club. "Il aura peut-être (désormais) moins besoin de faire les gammes (en arrivant) ici".
Wissam Ben Yedder (passé de Séville à Monaco) et Nabil Fekir (de Lyon au Betis Séville), qui passent tous deux d'un club qui jouait une Coupe d'Europe à un autre qui n'en jouera pas, font presque figures d'exceptions. "Jusqu'à présent, Nabil n'a pas été un joueur extraordinaire et indiscutable en Bleu, cela peut augmenter ses chances", assure Courbis. Quant à Ben Yedder, "cela ne change pas grand-chose. Cela lui laisse la possibilité d'avoir du temps de jeu, de continuer à être performant", avait rassuré Deschamps jeudi.
Entre prestige et temps de jeu, chacun a fait son propre pari, mais tous viseront la même chose: le groupe des 23 pour l'Euro.