Emmené par Edouard Philippe, le gouvernement se déplace en force en Seine-Saint-Denis, pour donner le coup d'envoi du chantier controversé du village des athlètes de Paris-2024 et le défendre comme "un accélérateur de politiques publiques" utile à la population.
Cinq jours après un déplacement à Bobigny, le Premier ministre sera de retour avec 11 ministres dans le département le plus pauvre de métropole, qui accueillera le village olympique et paralympique sur 51 hectares à cheval entre Saint-Denis, Saint-Ouen et L'Ile-Saint-Denis.
Au côté notamment du président du comité d'organisation Tony Estanguet, Edouard Philippe lancera symboliquement à Saint-Ouen le début de ces travaux pharaoniques qui doivent durer plus de trois ans.
Plus tôt dans la matinée, à Saint-Denis, il présidera un comité interministériel sur les JO et devrait annoncer un paquet de 170 mesures, selon une source proche du gouvernement.
Certaines sont déjà connues, comme la création d'une cellule à Pôle Emploi dédiée aux postes liés aux JO, un système de défiscalisation pour faciliter le sport en entreprise, le plan "aisance aquatique" destiné à lutter contre les noyades ou encore le plan vélo.
Parmi les mesures nouvelles, sont prévus la création d'un label égalité hommes-femmes, qui aura vocation à s'étendre à d'autres d'événéments sportifs, et un plan de formation de jeunes en service civique sur des missions d'accompagnement aux JO (10.000 par an à partir de 2020), selon cette source.
Autre objectif: la formation de 3.000 personnes en situation de handicap pour devenir bénévoles des Jeux.
- "Levier de transformation" -
Le gouvernement entend défendre l'idée d'un "héritage" de ces JO-2024 qui doivent être "un véritable levier de transformation durable pour le territoire et le quotidien des Français", selon Matignon.
Mais des protestations s'élèvent déjà contre le projet de village olympique qui promet de raser une zone accueillant plus d'une vingtaine d'entreprises, trois écoles, un hôtel, une résidence étudiante et un foyer de travailleurs étrangers, pour y loger près de 15.000 athlètes et officiels.
"Cela fait 40 ans que nous sommes là et il n'y a plus de place pour nous, c'est insultant", déplore Boubacar Diallo, représentant des résidents du foyer de travailleurs étrangers de Saint-Ouen sur lequel a été accrochée une large banderole "En lutte pour un relogement digne".
En remplacement, deux nouvelles résidences doivent voir le jour en 2022. Mais les résidents refusent le relogement provisoire proposé par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), l'établissement public chargé des chantiers des JO.
Le foyer demeure l'un des derniers dossiers épineux pour la Solideo qui a acquis "près de 90% du foncier à l'amiable" pour un montant de 110 millions d'euros, selon l'Établissement public foncier d'Ile-de-France.
- Nuisances -
Egalement mécontente, l'école publique d'ingénieurs Supméca, dont le campus sera coupé en deux. "On nous supprime notre réserve foncière. C'est l'argent public qui va permettre de régler le problème des promoteurs privés", tempête son directeur Alain Rivière.
A Saint-Denis, certains habitants craignent aussi des nuisances en raison de la concentration, dans une zone restreinte, de la future piscine olympique, la plus grande gare du Grand Paris, l'enfouissement des lignes à haute tension, le mur anti-bruit de l'A86 et l'aménagement des berges de Seine.
La Solideo promet "qu'il n'y aura pas de chantier de nuit" et assure que "ce qui va se passer en 3-4 ans est la compensation de ce qui ne s'est pas passé depuis 30 ans". Un message qui fait écho à celui du gouvernement qui a dévoilé jeudi une batterie de mesures spécifiques pour la Seine-Saint-Denis.
Les attentes sont également fortes dans le sport, où la fin des emplois aidés, dans la foulée de l'attribution à Paris des JO, le 13 septembre 2017, et les craintes de suppression, puis de changement de statut des 1.600 conseillers techniques sportifs ont soulevé de vives critiques.
Entre les coûts d'organisation et les chantiers, le budget total des Jeux s'élève à ce stade à 6,8 milliards d'euros, dont 1,5 milliard de dépense publique.