"L'homme a toujours empilé des pierres depuis la nuit des temps", mais lui œuvre à les "faire léviter": à 33 ans, SP Ranza, de son nom d'artiste, est un maître du "stone balance", une variante du land art.
Cet ex-soudeur, Tarnais d'adoption, découvre un jour sur internet cette discipline, dont il est devenu champion d'Europe 2019 en avril dernier en Écosse.
"J'ai trouvé ça magique, cela m'a obsédé, j'avais envie de progresser, de faire tenir des pierres sur des tout petits points d'appuis, je me suis entrainé pendant six mois tous les jours, tout seul au bord d'une rivière".
Il se reconnait des "prédispositions" à cette recherche de "l'équilibre pur", visant à faire "comme flotter" des pierres empilées: la pratique de la méditation, la quête de la sérénité et d'une vie saine, dans le cadre d'une démarche spirituelle.
"Peu attiré par la compétition", il n'a d'ailleurs concouru en Écosse que pour décrocher le gros lot promis au gagnant: la participation, tous frais payés, au Championnat du monde, dans le cadre du festival de Land art de Llona, au Texas, en mars prochain.
"Plutôt manuel et bricoleur", attentif à ses matériaux, qu'il choisit et récolte au grè de ses promenades dans la nature, il se sent "à l'aise avec la physique, les notions de forces, de résistances", et voit souvent dans sa pratique l'exercice d'une "simple logique".
Mais il recherche aussi "la prouesse technique", consistant à "réduire au maximum les surfaces de contact" pour ériger ses sculptures éphémères. L'exercice est "éprouvant", qui nécessite une "concentration extrême" et un sens du toucher affiné, "pour capter chaque oscillation des pierres".
"Au moment décisif, quand je pose la dernière pierre qui stabilise toute la structure, je suis totalement statique, seules mes mains bougent de quelques dixièmes de millimètres, rester crispé comme ça, le corps n'aime pas ça".
Depuis qu'il a décidé de vivre de son art, via la vente de photos immortalisant ses constructions, réaliser une œuvre peut lui prendre une journée: "je mets beaucoup de soin à choisir le décor, faire un équilibre harmonieux, avec de belles couleurs, des pierres bien choisies".
Pourtant, "hors de question de les coller" pour pouvoir les vendre à des collectionneurs, tant cela irait à l'inverse de toute sa démarche.
Le dispositif requis inclurait plutôt "un support non sujet aux vibrations, un bac à sable pour protéger les pierres en cas de chute, et une cloche en verre pour couper aux vibrations et courants d'air".