Plusieurs décennies après avoir aidé à sauver des vies, d'anciens postes de téléphone d'urgence, reliques du 19ème siècle, trouvent une deuxième vie à Washington, transformés en oeuvres d'art.

L'artiste local Charles Bergen, dont le travail était inauguré jeudi, a ressucité huit de ces postes en fonte, faits de niches aux formes variées, juchées en haut de piliers stylisés de moins de deux mètres.

Installés à l'époque où les véhicules de pompiers étaient encore tirés par des chevaux, ils servaient à alerter les soldats du feu d'un départ d'incendie. Un télégramme était envoyé avec le numéro du poste d'urgence, leur permettant d'identifier immédiatement le lieu du sinistre. 

D'autres étaient réservés aux policiers, afin qu'ils puissent appeler leur commissariat. Un dispositif devenu obsolète dans les années 1970, avec l'apparition des radios et la mise en place du numéro d'urgence américain, le 911.

Classés au patrimoine de la ville, ces postes d'urgence ne peuvent être détruits, mais certains avaient commencé à fortement se dégrader. "Art on call", un programme de restauration arrêté en 2009, avait identifié 1.100 postes d'urgence abandonnés, et en a rénové 145 en prenant soin de refléter l'identité de chaque quartier.

Ici, la mise en valeur artistique a été imaginée -et co-financée- par le département du développement commercial (BID) et la commission des arts et des humanités de la ville. 

Ces objets "vous donnent la possibilité, en tant qu'artiste, de placer des oeuvres d'art à des endroits incroyables" en plein coeur de la ville, s'émerveille Charles Bergen, 55 ans.

Choisi parmi une trentaine d'artistes américains ayant soumis leur projet, l'artiste a choisi de mettre à l'honneur les femmes importantes dans l'histoire de la ville: la patronne de presse Katharine Graham, la chanteuse de gospel Flora Molton, la suffragette Alice Paul...

 et de notes de musique, se tient à côté de cet établissement, toujours un hôtel aujourd'hui, à deux pas de la Maison Blanche.

L'une d'elle, Julia Ward Howe, militante abolitionniste, est connue pour avoir écrit le célèbre "Hymne de Bataille de la République", devenu l'un des chants des marches des droits civiques. Elle avait été inspirée par des troupes qui chantaient près du Willard Hotel, durant la guerre civile. 

Le poste de téléphone d'urgence qui lui est dédié, orné des couleurs du drapeau américain

Chaque femme est représentée par un portrait en bronze, accompagné d'une plaque retraçant son parcours.

La ville espère pouvoir financer la mise en valeur de 12 autres postes d'urgence l'année prochaine.